Projet P.A.L. a été créé en 1975 par un groupe d’ex-patientes et ex-patients psychiatriques et une travailleuse sociale de l’hôpital Douglas. À cette époque, le système de santé québécois vivait une forte vague de désinstitutionnalisation. Pendant des décennies, les « malades mentaux » avaient été hospitalisés dans des pavillons surpeuplés et recevaient des traitements médicaux que l’on considère aujourd’hui cruels et invasifs. Les droits de ces personnes étaient souvent bafoués et elles n’avaient que peu de recours pour s’y opposer. Lorsque le gouvernement a décidé de fermer ces pavillons, les patientes et patients se sont retrouvés devant rien et, de toute évidence, bien mal préparés à vivre dans la communauté. Les traitements que l’on préconisait alors incluaient les électrochocs, le contrôle par la contrainte et l’isolement, et l’administration de fortes doses de médicaments antipsychotiques. Ces dangereuses pratiques avaient des effets désastreux sur la santé générale et le bien-être des patientes et patientes et, bien sûr, sur leur autonomie.

Dans la communauté, ils n’étaient plus des « malades mentaux » mais bien des individus qui vivaient des problèmes de santé mentale. Constatant la perte de leur autonomie et leur manque de compétences de base nécessaires à la vie quotidienne, un groupe d’ex-patientes et ex-patients psychiatriques soutenu par une travailleuse sociale a mis sur pied un organisme communautaire qui privilégiait une approche alternative en santé mentale. Le fondement de la philosophie alternative était de reconnaître que c’est la personne elle-même qui doit être au centre de toute décision concernant son bien-être. Le groupe a donc décidé de mettre cette philosophie en pratique en demandant aux personnes de devenir des membres plutôt que des usagères ou usagers de l’organisme : Projet P.A.L., ce serait eux. Les membres seraient responsables du fonctionnement quotidien, des pratiques et de la direction de cette nouvelle entité qu’ils ont nommée Projet P.A.L. (Programme d’aide au logement). Le grand besoin d’hébergement dans la communauté était la priorité absolue. On a donc établi des contacts avec des propriétaires tout en conscientisant et informant une communauté récalcitrante pour une meilleure connaissance de la santé mentale. C’est ainsi que Projet P.A.L. a débuté son rôle de chef de file dans la communauté de la santé mentale et au premier rang se trouvaient ses chefs, les membres participants.

Quarante ans ont passé et, bien que l’organisme ait beaucoup évolué depuis, une valeur fondamentale demeure constante : le conseil d’administration de Projet P.A.L. est composé d’une majorité de membres participants, des personnes qui vivent avec des problèmes de santé mentale. Les administratrices et administrateurs ont le dernier mot pour tout ce qui touche les membres, ce sont elles et eux les experts, leur expérience est précieuse. L’assemblée des membres est animée par des membres participants ; on y discute et vote sur toutes sortes de sujets qui affectent les politiques et la programmation du centre communautaire (drop in). Ce qui compte, c’est leur voix, leur vote. Majoritaires au sein de tous les comités, les membres participants sont à la barre alors que les employés sont là pour les guider et les soutenir. Les nouvelles résidentes et nouveaux résidents sont acceptés dans les programmes d’hébergement par les résidentes et résidents actuels. Leurs opinions ne sont pas seulement considérées, elles sont essentielles.

Depuis ses premiers jours, Projet P.A.L. a toujours promu l’inclusion et la participation des membres à tous les niveaux de l’organisme. Notre philosophie et notre approche alternative encouragent nos membres à prendre des décisions pour tout ce qui concerne leur vie, à améliorer leurs compétences de base et du même coup, améliorer leur estime de soi et leur capacité de prise en charge. Nous avons été témoins de son succès depuis nos tout débuts!